Un journaliste aux prises avec des problèmes de santé mentale réclame de meilleurs reportages

 Rick Owen - Northern News, Kirkland Lake, Ontario

À titre de journaliste aux prises avec des problèmes de santé mentale, dont la dépendance, j’ai des opinions très tranchées au sujet du traitement médiatique de la malade mentale. 

Au cours des dernières années, les médias ont amélioré leur couverture de la santé mentale en mettant en lumière les grandes campagnes de sensibilisation aux enjeux de santé mentale. Il est par ailleurs encourageant de constater que des personnalités médiatiques et des célébrités parlent publiquement de leurs problèmes de santé mentale.

Par contre, lorsque se produit un événement tragique impliquant une personne aux prises avec une maladie mentale, j’estime que les médias ne s’efforcent pas assez d’expliquer la maladie et les traitements possibles, ni de démontrer que la vaste majorité des personnes ayant une maladie mentale et recevant les traitements appropriés mènent une vie relativement ou tout à fait normale.

Je sais que, pendant de nombreuses années, ma propre conception de la maladie mentale a été conditionnée par des reportages relatant des événements tragiques. Ces impressions étaient erronées parce qu’on ne me montrait jamais l’envers de la médaille. On ne parlait jamais de ceux qui ont des problèmes de santé mentale et qui, après avoir consulté, se sont rétablis.

Un certain nombre de personnes que je considère aujourd’hui comme des amis ont des problèmes de santé mentale tels qu’un trouble bipolaire, la dépression ou la schizophrénie. Elles n’en mènent pas moins des vies productives. Elles n’ont peut-être pas toutes un emploi, mais elles vivent de façon autonome, voient des amis et sont actives dans leur collectivité.

La presse décrit souvent les gens comment s’ils ne faisaient qu’un avec leur maladie. C’est très injuste. Les problèmes de santé mentale font partie de ce qu’elles sont mais ne définissent pas leur identité. On ne décrirait jamais une personne atteinte du cancer comme cancéreuse, alors pourquoi appelle-t-on une personne atteinte d’une maladie mentale du nom de sa maladie? Il est schizophrène, elle est bipolaire, ils sont toxicomanes?

La maladie ne nous définit pas. Elle nous habite mais, en tant qu’êtres humains, nous sommes bien plus que cela. Bon nombre d’entre nous sommes très productifs. Nous faisons partie de la société. En reconnaissant cela, je crois que les médias contribueraient largement à réduire la stigmatisation associée aux maladies mentales.

Quand mes problèmes de santé mentale ne sont pas actifs, je « vis » avec eux. Ils ne m’affectent cependant que lorsqu’ils sont actifs. Certes j’ai opéré des changements dans ma vie pour garder la santé, tout comme le ferait quelqu’un qui change de régime alimentaire ou de mode de vie pour être en bonne santé.

Là encore, il s’agit d’un élément important que la presse ne souligne pas toujours. Si c’était le cas, elle contribuerait à réduire la stigmatisation associée aux maladies mentales.